lundi 24 novembre 2014

Slovénie vidi vici

Bientôt quatre semaines que je suis à l’auberge espagnole slovène, dans ma bulle.

Le rythme y est quelque peu particulier. Les jours sans pluie, les durs, les hommes, quoi, se lèvent vers 7h et filent bosser dehors pendant que les flemmards (comme moi) prennent leur temps et préparent un brunch qui tue. Appelle les autres vers 10 ou 11h, qui viennent se sustenter. Un joli moment du matin, qui débute quasi systématiquement par un verre de schnaps. Le schnaps prend une place assez importante ici. Un peu dur au réveil, mais efficace ! Pensée annexe : j’ai découvert être la seule dont les oreilles font mal quand elle boit du schnaps. Les autres ont l’estomac brûlé, moi c’est les oreilles. C’est légèrement inquiétant quant à mes circuits internes.

Après le gros petit déjeuner, chacun file à sa tâche. Depuis mon arrivée, les hommes construisent une grande cabane pour loger convenablement la faune qu’ils entretiennent. Bouba la cochonne, 
Bouba la grosse cochonne
ramassée dans la rue par Lena en plein Ljubljana. Grise et poilue, déambule à sa guise et fouille le compost en grognant. Elle est très drôle. Une dizaine de lapins lapines, des poules, des canards, des paons paons, deux oies qui me suivent en permanence  en essayant de m’impressionner de leurs cous tendus, becs en l’air, mais qui s’enfuient dès que je m’approche. Couardes. Et un pigeon voyageur qui a posé ses valises et dont la tête ne me revient pas ; on ne s’aime pas beaucoup, lui et moi. Il m’attaque quand j’entre dans son périmètre, et je l’insulte bassement, ce dont, de toute évidence, il n’a cure.

La cabane de l'Amour

Les hommes sont à la cabane, donc, concentrés entre deux bières jusqu’à la tombée de la nuit. Les femmes, Rose et moi, à la cuisine, comme au bon vieux temps. Mais la cuisine, ici, se fait lentement, et tendrement. On teste des trucs, on épice, on herbe, on cuit, on frit. Et on fait des desserts. Chaque jour un nouveau. Un gâteau bananes/chocolat, des galettes des rois aux amandes ou aux noisettes, des pommes fourrées de purée de noix, une tarte au chocolat, un muffin géant bananes/chocolat, un strudel, des croissants, une tarte tatin, un gâteau au gingembre, et j’en passe. 
"Si on oublie que ça devrait
avoir le goût des croissants, c'est très bon!"
L’enthousiasme est général, toujours, et encourageant. Le seul hic c’est qu’ils veulent manger tous les jours, c'est fou ça. Avoir encore et toujours de l’inspiration, avec peu de matière première et encore moins de variété, je comprends maintenant ma mère soupirant le soir, mais qu’est-ce qu’on va manger ?... trois semaines et demi que je prépare à manger pour 5 à 10 personnes, j’en peux plus, les gars, faites-moi des pâtes au beurre et des pizzas surgelées.
Outre la cuisine, si on veut, et si on a le temps, mais on a plein de temps, on désherbe, on plante de l’ail, on casse des noix, on vernit des planches, on va faire les courses, on nourrit les animaux, on va se balader dans la forêt. Et on s’occupe du compost tous les deux jours ! Retourner les deux tas qui ornent le chemin et s’émerveiller de les sentir plus chauds à chaque fois. Aujourd’hui, on y a mis des pommes de terre à l’abri dans du papier alu, pour voir si elles cuisent. Haha.

Et quand 18h arrive, avec la nuit bien tombée, on déjeune. Autour de la table, le feu crépitant dans la cuisinière comme-chez-ma-mémé. On mange, on rigole, on écoute de la musique et on se rend compte que la dance des années 90 était la même ici que chez nous, et puis on joue parfois.

IL y a aussi les soirées où Urban a une chouette idée.
Le 1er novembre, par exemple, il a proposé très sérieusement d’aller se promener au cimetière. Fossé culturel. Le 1er novembre, les slovènes illuminent les tombes de bougies, et les gens vont se promener au cimetière en famille. C‘est étonnant, et assez surréaliste. Ce champ de bougies sur les stèles, ce silence envahissant de respect, dans la nuit.
Un autre soir, il a décidé que c’était le bon pour aller acheter des tuiles pour le toit de la cabane. On s’est enfournés à 4, à 20h, dans l’automobile, pour joindre à 40km de là, dans la pluie, le brouillard et la nuit noire, Slovenia by night, des tuiles entassées contre une grange inaccessible. En empiler 250 sur le char d’un tracteur, dans la boue, glissante, avant de les recharger dans la remorque de la voiture, couronner le tout d’un verre de vin maison à avaler cul sec (ça rigole pas) et rentrer à 30 à l’heure parce que la voiture a du mal à tirer tout ça, décharger dans le noir. Dormir.

Je ne précise pas que les tuiles, on ne les a évidemment pas déchargées à côté de la cabane parce que ce n’était pas possible. Il a fallu que je les trimballe le lendemain, de la palette au chantier, 30 marches d’escalier et une trentaine de mètres dans une pente boueuse, 250 tuiles de 1,5 kg chacune. M’est avis que c’est une punition à la Prométhée, j’ai du déplaire aux Dieux pour qu’ils m’envoient systématiquement dans des endroits où il faut charrier des tuiles.

Aussi, on est allés chercher un bébé chien dans une ville qui s'appelle Ptuj (prononcer Ptouille), autant avouer que mon humour d'enfant de 5 ans a resurgi, j'ai rigolé de ce nom pendant des heures. D'ailleurs rien que d'y penser je rigole encore, et non je n'ai pas honte de rire pour des broutilles. Ptuj, haha.

J'ai été frappée par le bon
goût slovène en matière
de décorations de Noël
Encore, j'ai passé un court week end à Ljubljana, invitée à un festival de théâtre d'impro. 4 spectacles aux frais de la princesse, oui Madame ! j'ai mes entrées. Tout était en anglais s'il vous plaît! j'ai presque tout compris. J'ai demandé aux slovènes comment et pourquoi diable ils parlaient tous parfaitement anglais, ils arguent tous la VO à la télé. Un autre m'a répondu que la Slovénie, petit pays, se devait de s'ouvrir au monde. Quoi qu'il en soit leur excellent niveau met en exergue notre mauvais, j'en ai passablement honte. Fort heureusement pour moi, j'ai trouvé la parade: je raconte avec force détails, et maintes erreurs de langue, que j'enseigne l'anglais en France, et la stupeur combinée à l'hilarité rendent mes interlocuteurs beaucoup plus tolérants à mon égard. Je suis une victime du système français, que voulez-vous mon bon Monsieur.

Vue de la plus haute tour de Ljubljana sur le château
et sa vieille ville
Bref, j'ai passé un week end théâtre à Ljubljana, entrecoupé de burek, kebab local, de chocolats chauds à la vodka (hips) et de balades solitaires dans les rues étroites. Deux jolis jours, vraiment.


Le temps passe, le temps passe! différemment, ici. La vie en communauté me ramène une dizaine d’années en arrière, plutôt agréable pour un temps déterminé, surtout avec des bienveillants. Mais, malgré toute cette simplicité et cette douceur de vivre qui se dégage de l’auberge espagnole, malgré la profonde bonté d’Urban, l’énergie de Lena, l’humour décalé d’Igor et le flegme adolescent de Rose, malgré les multiples rencontres et malgré Tchitche le chat aveugle qui ouvre les portes, il est bientôt temps pour moi de reprendre la route. Je vais aller voir ailleurs si j’y suis...

3 commentaires:

  1. Encore un bon crû, ce texte ! Bisou

    RépondreSupprimer
  2. Je vis (enfin j'imagine bien) ton voyage à travers ton blog. C'est totalement dépaysant!! Bonne continuation et hâte de lire la suite des tes aventures.

    RépondreSupprimer
  3. Je suis tellement heureux aujourd'hui parce que Dieu l'a fait pour moi après avoir traversé des moments difficiles avec d'autres prêteurs et que rien ne fonctionne, j'étais sur le point de perdre ma foi et mon espoir, mais je dois encore rester fort et poursuivre ce que je recherche. Je suis heureux aujourd'hui parce que Dieu m'a dirigé vers la meilleure société de prêt et je n'ai rien regretté après les avoir contactés et mon désir de cœur a été exaucé et on m'a donné le montant que j'avais demandé (300000,00 USD), l'argent a été versé dans mon compte après deux semaines de discussion avec l'entreprise et ils ne m'ont pas stressé ni donné de maux de tête en obtenant ce prêt d'eux, d'autres membres de ma famille et amis que je leur ai adressés ont tous obtenu leur prêt aussi, je vous aimerais pour contacter 247officedept@gmail.com / whatsapp + 1-989-394-3740. . et obtenez votre prêt rapidement et c'est sûr et rapide, vous qui avez perdu espoir, la foi et tout ce que vous avez juste au nom d'obtenir un prêt et que rien ne fonctionne, pariez-moi si vous essayez cet homme appelé Benjamin, vous ne le serez jamais regrettez quoi que ce soit et votre demande de prêt sera approuvée et elle sera payée directement sur votre compte bancaire, alors dépêchez-vous maintenant et contactez la réponse rapide sur WhatsApp + 1-989-394-3740. demandez tout type de prêt, et il vous sera accordé. je te souhaite le meilleur

    RépondreSupprimer