Caroline et Charles ont à
eux deux sept décennies, deux fils de un et trois ans, 12 poules,
deux coq, 4 poussins (et deux ont été mangés par le chat noir), 8
moutons moutonnes, 4 lapins et un chat (pas noir). Comptez le nombre
de pattes.
Beaucoup de temps avec
Caro, Junior au dos en permanence, sans soutien-gorge. Caro, pas
Junior. C’est important, ça, sans soutien-gorge. Qui oserait ?
je n’ai pas demandé pourquoi. Caro est très alternative,
elle pense des trucs bizarres et souvent cohérents, fuit tout ce qui
touche à la société de consommation, elle a pour objectif
l’autosuffisance alimentaire, elle ne veut pas manger de
cochonnerie. Ce que j’aime bien, chez elle, c’est qu’elle est
complètement incohérente. Par exemple, elle enferme Banjo dans la
chambre quand il est pénible alors qu’elle clame haut et fort le
sans punition. Et puis je l’ai surprise sur facebook après avoir
soupiré qu’elle devait travailler sur l’ordinateur pour une
conférence qu’elle organise autour de l’école à la maison. Je
l’ai vue se gaver de confiture à la cuillère alors qu’elle
ennuie tout le monde avec son « sans sel et sans sucre
ajoutés ». Je passe sous silence le
pain sans sel et le gâteau d’anniversaire sans sucre, parce que je
rejoins complètement Charles sur ce point, m’enfin, y’a quand
même pas que la santé dans la vie.
Caro maîtrise, et elle
n’appréciait pas toujours que je sois dans ses pattes, même si
elle aime bien quand même parce que je fais tous les trucs pénibles
comme peler 500 châtaignes ou nettoyer les casseroles qui ont
accroché. Comme elle n’aime pas trop que je prenne des
initiatives, elle aurait toujours préféré que je fasse autrement,
mais ça va aller quand même. Elle a du mal à dire merci, ou à
assumer de faire plaisir, alors elle râle. C’est du cinéma, c’est
une gentille, au fond.
Elle était instit, dans
une vie antérieure, comme d'autres en a beaucoup bavé, maltraitée
par sa hiérarchie, s’est tournée vers les pédagogies
alternatives. Plus précisément : elle est contre l’école et
préfère élever ses fils à la maison, méthode empirique. L'enfant
expérimente. Elle est partisane de ne rien imposer à l’enfant, de
le respecter « comme un adulte ». Par exemple, quand
Banjo tourne autour de la table en tapant sur des casseroles pendant
qu’on mange, il faut le respecter. Quand il crache sur son frère,
quand il me traite ou qu’il renverse exprès le panier de pommes,
il faut le respecter. Il s’exprime ! Banjo, d’ailleurs, qui a
toujours 3 ans et des brouettes et parle toujours en codé. Caro
pense que c’est normal… je n’ose pas te dire que, sans
certitude mais bien probablement, ton gosse a de sérieux problèmes
orthophoniques. Banjo a environ 3 consonnes dans son alphabet. Patoto
pour « Tracteur Tom » ou « popo » pour
« compote » (ce qui peut causer quelque confusion),
« Sola » pour « Flora » ou « pou »
pour « soupe ». Répète, Banjo : « vache ».
« Za ! » Et très sérieusement, elle dit que c’est
fou, il arrive jamais à dire vache. Ceci dit le petit Banjo est un
enfant très épanoui qui adore courir pieds nus dans la terre,
enlever son pantalon et agiter son zizi quand il fait 8° dehors.
Banjo connaît tous les légumes du jardin, et les outils de Papa,
aussi, même si bon sang, mais non, je t’avais dit le grand niveau,
c’est pas un niveau ça. J'aimerais bien revenir voir ce que ça
donne, tout ça, dans dix ans.
Junior, son frère, est
un enfant charmant, mais strident. Son père dit qu’il a le cri de
la buse, ce qui me fait beaucoup rigoler, mais pas trop fort parce
que Caro, elle a pas trop le même humour. Il ne crie pas, il
s’exprime ! Il faut le res-pec-ter ! On peut le laisser
s’exprimer, m’enfin, on peut quand même lui dire d’arrêter de
nous hurler dans les oreilles. Caro et Charles ne sont pas toujours
d’accord sur l’éducation des enfants.
Charles est super cool.
C'est un grand escogriffe, dégingandé, avec des bras de vélux,
mais il est super fort, avec sa ceinture serrée au dernier cran et
encore elle est trop grande. Il a porté au moins 12000 tonnes de
tuiles, et je n’exagère même pas. Il a globe-trotté pendant des
années, seul, en stop, avant de rencontrer Caro sur Internet,
mariage, maison, bébés et le voilà dans la prairie. Il est vivant,
Charles, un peu plus que sa femme. Il aime raconter des blagues sur
les mosellans et dire des gros mots. Voyons, Charles, on avait dit
pas de gros mot devant les enfants.
Hier aussi, on a goûté dehors. Sur une table en bois et sous les châtaignes qui sifflaient à nos oreilles. Pain maison, confiture maison, miel maison, pommes maison, popo maison. Il faisait un temps magistral et ce moment était si doux !... J’ai pris une photo des quatre fantastiques. J’étais bien, ici, avec eux, les courges, les pommes, les tuiles, et le feu qui crépite dans le poêle quand je m’endors.
J'ai eu du mal à partir,
cet après-midi. J'ai traîné ma carcasse dans cet endroit si serein
en fermant doucement ce petit chapitre. Quelques jours à Paris et le
prochain s’ouvre dimanche pour le début d’un périple de dix
jours à deux, direction l’Italie du Nord et la Croatie. Youpi !
Avant de quitter, juste
une profonde pensée pour Jeannine qui me lit et vit des choses
douloureuses en ce moment. Je lui envoie plein de chaudoudoux. Une
dédicace à Judith pour la raison qu’elle sait, et un câlin par
anticipation à ma nièce qui a encore 4 longs mois au chaud de sa
Maman <3
Faudra que je te montre ma plante d'avocat (prénommé Ricardo the avocado). Il est en meilleure forme que Berthe, il fait au moins 60 cm de haut et il est vert. Jespere que tes oreilles sont encore vivantes entre les cris des enfants Ingalls.
RépondreSupprimerHeureusement d'autres avocats et graines ont germé depuis;-)...
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